Hommage à Van Que

Chers amis, nous venons de perdre un grand monsieur du Dien Chan.
Van Que Nguyen est décédé à Marseille le 3 mai 2021 à l’âge de 83 ans.

Van Que était cet ami de mon père qui me fit découvrir le Dien Chan en 1998. C’est également lui qui me fit rencontrer le Pr Bùi Quôc Châu en 2001.
Plusieurs d’entre vous l’ont croisé à Marseille et ont peut-être même suivi des formations avec lui. Mais pour celles et ceux qui ne connaissent pas le personnage, permettez-moi de lui rendre hommage en vous racontant l’histoire du Dien Chan en Europe.

Van Que Nguyen chez lui à Marseille

Scientifique, artiste peintre et maestro de la guitare et du violoncelle, Van Que a connu mon père en 1957 à Toulouse. Lui, échappé du Vietnam, et mon père fuyant la dictature espagnole, ils se retrouvèrent à la fac de sciences pour poursuivre leurs études. Ils se lièrent de camaraderie et plus tard décidèrent de partager un logement ainsi que l’atelier de peinture. Les années passèrent et les deux compères ont toujours maintenu une relation d’amitié.

Je me souviens encore parfaitement des bons plats vietnamiens que nous préparait Van Que quand nos familles se réunissaient, avec ses deux filles et sa femme Ingrid. Il finissait systématiquement par nous offrir un petit concert de guitare après le repas avant de s’enfoncer dans une sieste «ronflée» dans le canapé.

Après son installation à Marseille, plus exactement aux Pennes-Mirabeau, nous le voyions quand il venait à Barcelone ou qu’il passait quelques jours sur la Costa Brava, c’était toujours un plaisir de partager des moments de discussion tout en le regardant peindre à l’aquarelle avec tant de dextérité.
Mais Van Que vieillissait. Il se fatiguait rapidement et n’avait plus le courage de conduire depuis Marseille jusqu’à Barcelone ou Toulouse. C’est alors qu’il commença à s’intéresser à d’autres méthodes de soins plutôt que d’allonger la liste de ce que lui prescrivait son médecin.

Il découvre alors des articles en vietnamien qui faisaient référence au Pr Bùi Quôc Châu. Il décida de le contacter et ce dernier de sauter sur l’occasion pour se faire convier en Europe.
En effet, les Vietnamiens comme les Cubains doivent avoir une invitation en bonne et due forme pour pouvoir sortir du monde communiste.

Jouant du violoncelle

Tout en étudiant de nombreux écrits du Pr Bùi Quôc Châu, les deux hommes maintenaient une correspondance intense.

Lors d’une rencontre à Toulouse chez mes parents, il m’a expliqué les 12 massages du matin, et il me montrait les différents schémas de réflexion et la carte des points·bqc.
J’avoue que ses premiers témoignages illustrés par ses expériences cliniques m’avaient surpris.
Cela était passionnant, mais je ne pouvais deviner que je ferais la connaissance du Pr Bùi Quôc Châu chez moi à Barcelone.


Mais voilà…

Un jour, le Pr Bùi Quôc Châu annonce à Van Que que la communauté vietnamienne de Grenoble aimerait le faire venir pour traiter des gens, mais qu’ils n’arrivent pas à l’inviter et qu’il faudrait aussi un traducteur du vietnamien au français.

Van Que décide de s’occuper du côté administratif et se propose pour accompagner le Pr Bùi Quôc Châu à la pagode de Grenoble. Il lui servirait également d’interprète.

Cette première expérience de Dien Chan en direct finit de le convaincre pleinement au vu des résultats surprenants auxquels il assistait durant toutes les séances.

Avec John-Jairo en Galice

Du reste, Van Que, qui suivait sérieusement les conseils que lui avait donnés le Pr Bùi Quôc Châu, reprenait du poil de la bête. Il se sentait en meilleure forme et décida d’organiser un cours à Marseille pour divulguer la méthode et aussi profiter des échanges avec le professeur.

Après une formation à Marseille en 2001, Van Que proposa au Pr Bùi Quôc Châu de visiter la Costa Brava. Il avait toujours sur lui les clés de notre maison sur cette belle côte méditerranéenne.
Van Que adorait ce coin de Begur.

Mais une fois sur place, les éléments naturels n’étaient pas à leur faveur.
Il pleuvait des cordes.

Les jours passaient et les deux compères restaient confinés sans pouvoir aller se promener et voir la mer.

St. Jacques de Compostelle 2006
De gauche à droite: Van Que, John, Michelle sa compagne et Angela (formatrice Dien Chan)

Van Que décida de m’appeler pour me demander de les accueillir à Barcelone. Puisqu’ils ne pouvaient rien faire sur la Costa Brava, autant aller visiter la capitale de la Catalogne.

C’est donc avec plaisir que je les reçus. Mais voilà: à Barcelone il pleuvait aussi et encore et beaucoup!

Ce n’était vraiment pas de chance, car ce n’est vraiment pas courant…
Qu’à cela ne tienne, j’étais content de finalement rencontrer ce fameux Pr Bùi Quôc Châu dont Van Que me parlait tant.

— «Vous voulez visiter Barcelone? Pas de problème, ça fait 15 ans que je la fouille et la découvre…»

— «On va tout faire en voiture, attachez vos ceintures!»

Et effectivement, Van Que demanda au Pr Bùi Quôc Châu de prendre la place du passager et s’installa à l’arrière. Nous avons passé la journée dans la voiture à sillonner les avenues et les petites rues, à longer la plage, tourner dans le port, monter au Tibidabo, redescendre vers le quartier gothique, pour remonter au stade olympique de Montjuic et finir par faire des cercles autour de la Sagrada Familia…

Et tout ce périple avec le Pr Bùi Quôc Châu collé au parebrise à prendre des photos entre les essuie-glaces.

Il tombait des trombes d’eau, mais il était ravi.

Durant toute cette odyssée, le professeur me parlait du Dien Chan et qu’il fallait structurer sa découverte.

Le Pr Châu souhaitait revenir à Barcelone et Van Que me demandait de l’aider à divulguer la méthode en organisant des cours en Espagne.

De retour à Horta —le quartier de Barcelone dans lequel je vivais— et autour d’une tisane bien chaude, je feuilletais le classeur du Pr Bùi Quôc Châu qui contenait tous les schémas originaux, ses notes et la fameuse carte du Dien Chan.

Hommage à Van Que Nguyen qui m'inicia au Dien Chan et me fit rencontrer le Pr Bùi Quôc Châu.
Avec Michelle et Patryck

Mais ils ne voulaient pas dormir à Barcelone, car ils devaient rentrer à Marseille rapidement pour prendre l’avion vers Saigon.

Je lui demandais alors l’autorisation de tout scanner pour pouvoir refaire les schémas et la carte par ordinateur et lui promettais de tout faire pour l’inviter l’année suivante à Barcelone.

Van Que m’avait averti; on avait connecté.

La suite de l’histoire, vous la connaissez puisque j’ai passé une décennie à recevoir le Pr Bùi Quôc Châu à Barcelone et nous avons beaucoup voyagé accompagnés chaque fois de l’un de ses fils à travers la France et l’Espagne.

Mais cet article n’a comme seule intention que de rendre hommage à Van Que Nguyen, sans qui le Dien Chan ne serait pas ce qu’il est devenu dans le monde occidental.

Toutes mes condoléances à toute sa famille et ses amis.
Meilleurs souvenirs,

_patryck aguilar

PS: Si vous voulez voir des images des œuvres de Van Que, un vieux site internet est toujours accessible avec ce lien: http://www.vanque.com/pages/CADsiac.htm

12 Comments on “Hommage à Van Que

  1. De tout cœur avec toi et sa famille Patryck. Merci pour cette très belle histoire. Merci Monsieur Van Que grâce à qui nous avons nous aussi appris à connaitre le Dien Chan et à le pratiquer.

  2. Merci à vous Patrick pour ce bel article et hommage à un grand Monsieur qui m’a permis de découvrir le Dien Chan en 2007 par l’intermédiaire d’un ami.
    Cette découverte a fait un long chemin dans ma tête pour que je commence à me former sérieusement en 2015. Je pratique chaque jour en tant que thérapeute avec de magnifiques résultats sur de nombreuses pathologies. Merci Monsieur Van Que.🙏 Mes sincères condoléances à toute la famille et amis. Sophie. Grand Est- Vosges

    • Merci de votre reconnaissance pour Van Qué Nguyen, premier traducteur et introducteur du Dien Chan en France.
      Michelle Rebillout-Nguyen, son épouse.

  3. Pour moi Qué m’évoque les meilleurs repas vietnamiens avec un concert de guitare en fin de soirée. A Marseille à Toulouse et à Sa Riera. La dernière fois qu’il est venu nous rendre visite sur la costa Brava il m’a offert un rice cooker que j’utilise encore! Il m’avait traité en dienchan pour apaiser un mal de tête et du coup j’avais encore plus mal mais cette fois au visage (je suis trop sensible).
    Bref c’est avec tristesse que j’ai appris son décès. Notre père doit être bien peiné.
    Beatrice Aguilar.

    • Merci Beatriz, avec mon bon souvenir.
      Merci de votre reconnaissance pour Van Qué Nguyen, premier traducteur et introducteur du Dien Chan en France.
      Michelle Rebillout-Nguyen, son épouse.

  4. Merci Patrick! pour cet hommage et ta reconnaissance!
    Au plaisir de te revoir, à Toulouse, en Provence… ou ailleurs.
    Son épouse, Michelle

  5. Je suis si triste d’apprendre que mon professeur de dessin Van qué est décédé. Il a en effet ete mon professeur pendant 4 ou 5 ans alors que j’étais ado, j’étais la seule ado du cours, on travaillait des modèles vivants au fusain . Il réalisait de belles œuvres à l’aquarelle et parfois il partageait une de ses crosse boulette blanche fourrées dont j’ai toujours ignorée le nom et qui étaient délicieuses avec quelques biscuits apéro certainement vietnamiens qui nous régalaient. Je souhaite lui rendre hommage pour toutes ces années, je me disait justement que j’allais reprendre contacou suivre de nouveau ses cours si toutefois il en donnait encore lorsque je suis tombée sur cette information. Je suis heureuse de savoir qu’il a contribué à l’émergence du Dien Chan que j’ai un peu étudier via des livres. Je garde en mémoire son souvenir, merci pour cette page d’hommage.
    Sylvie

    • Merci infiniment pour ce touchant hommage à la mémoire de Van Qué. Les souvenirs que vous partagez sont une belle réminiscence de ses cours et de l’atmosphère artistique qu’il créait. Votre message réchauffe le cœur et contribue à perpétuer le souvenir de ce grand ami de ma famille et celle du Dien Chan.
      Avec toute ma gratitude,
      _patryck aguilar

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